So German!

Marcel Morgenstern est directeur des ventes chez Burnt Ship Bay Estate Winery et Pond View Estate Winery.

(SoGerman) Pourquoi êtes-vous venu au Canada?

(Marcel) En 1994, j’avais 18 ans, j’ai décidé de faire un échange. J’ai dû choisir entre le Canada et les États-Unis – et j’ai décidé d’aller au Canada. Je me suis retrouvé dans une petite communauté de la région du lac Érié où j’ai fréquenté l’école secondaire et rencontré ma future épouse.

Ensuite, je suis retourné en Allemagne pour terminer mes études. Pour pouvoir lui rendre visite au moins une fois par an et pouvoir payer les factures des appels téléphoniques (au cours du premier mois, nous avons tous les deux reçu une facture d’environ 500 $), j’ai chargé des camions qui travaillaient de nuit. Cela a duré quatre ans.

Après avoir terminé l’école secondaire et mon Zivildienst (anciennement la formation militaire obligatoire pour les jeunes hommes en Allemagne), nous avons décidé de nous marier et j’ai donc déménagé au Canada.

Wow. C’est vraiment impressionnant. Et maintenant, comment avez-vous commencé avec la vinification?

Je viens du nord de l’Allemagne – il n’y a presque pas de vignobles – mais mon père est originaire de la région de Bad Kreuznach dans le sud de l’Allemagne, une région entourée de vignobles. Chaque fois que nous rendions visite à mes grands-parents, j’étais fasciné par l’art de cultiver le vin, mais je ne m’attendais pas à pouvoir le faire au Canada.

Au Canada, j’ai étudié le tourisme pendant quelques années. J’ai commencé à travailler comme guide touristique pour une entreprise vinicole de Niagara et j’ai vraiment aimé cela ; cependant, après deux ans, je voulais acquérir plus d’expérience dans l’industrie. J’ai donc commencé à travailler pour un autre producteur de vin et j’ai aidé à construire le commerce de gros à partir de zéro. Ensuite, j’ai pris la direction d’une grande entreprise vinicole, ce qui était vraiment intéressant. Cependant, après un certain temps, j’ai réalisé que le fait de travailler strictement dans un poste de gestion intermédiaire des ventes m’empêchait d’être impliqué dans le processus créatif de la commercialisation et de la vente de vins bien faits.

A l’époque, un ami à moi, qui cultive la vigne avec sa famille depuis les années 70, a eu l’idée d’ouvrir une petite cave. Il m’a convaincu d’entrer dans son entreprise, alors je suis devenu responsable du département marketing. En même temps, nous avons acquis plus de terrains dans la région de Niagara et nous avons décidé de créer une autre société pour laquelle je détiens 50 pour cent. Aujourd’hui, je gère essentiellement les ventes et le marketing de deux entreprises vinicoles.

De nombreuses régions d’Allemagne sont réputées pour leurs vins. Il en va de même pour la France et l’Italie. Comment le vin canadien, qui est encore nouveau en Allemagne, peut-il être compétitif sur ce marché?

D’abord, parce que c’est exotique. Deuxièmement, parce que la qualité du vin que nous produisons est très élevée.

Exportez-vous aussi vos vins?

Oui, nous exportons vers l’Asie et l’Europe. Cette année, par exemple, nous sommes allés au ProWein (une convention du vin en Allemagne) à Düsseldorf avec notre propre vin. J’assiste à ce grand salon professionnel des vins du Niagara depuis maintenant 15 ans.

Est-ce que les bases sont données pour produire des vins de haute qualité?

Absolument. Surtout dans la région du Niagara, étant donné que la région du Niagara se trouve à la même latitude que la Toscane par exemple. Alors, bien sûr, chaque région a ses propres motifs spécifiques. La région du Niagara est très particulière parce que nous cultivons nos vins sur le sol d’une ancienne mer subtropicale dans un microclimat unique. En un mot, c’est un très bon endroit pour la culture du vin.

Quels sont vos meilleurs vendeurs?

Riesling, Chardonnay, Sauvignon et Carbernet Franc sont à mon avis le meilleur cépage de notre région. Notre vignoble est situé dans la région la plus chaude de la péninsule du Niagara, ce qui nous permet de produire des vins rouges lourds.

Parlez-moi du fameux vin de glace?

Oui, Icewine est notre spécialité. Chaque région a son propre vin. En Allemagne, c’est le Riesling, pour le Canada, c’est le Icewine, parce que nous pouvons le produire chaque année. En ces temps de réchauffement climatique, nous avons un avantage comparatif par rapport à d’autres régions, comme l’Allemagne, qui produisent de moins en moins de vin de glace car il est de plus en plus risqué de laisser les raisins sur les vignes. Donc, si vous voulez acheter du vin de glace en plus grande quantité, vous achetez probablement du vin canadien.

Avez-vous encore des contacts avec l’Allemagne?

Oh oui, je suis le seul membre de ma famille qui est venu au Canada. Mes parents sont toujours à Oldenburg, comme beaucoup de mes amis, et mon frère est à Mannheim. Cette année, j’ai passé plus de temps en Allemagne qu’au Canada, parce que nous sommes vraiment en train de pénétrer le marché européen.

Comment réagissent les distributeurs lorsque vous leur présentez votre vin en Allemagne?

Très bien. Le Canada en général jouit d’une très bonne réputation, et lorsque vous êtes en mesure d’entamer une conversation sur les vins exotiques, c’est encore mieux.

Dernière question: Si vous pouviez donner un conseil à quelqu’un qui aimerait déménager au Canada, que diriez-vous?

Le mariage est facile! (rires) Honnêtement, je dirais que vous devriez arrêter de comparer ! Si vous commencez à comparer, cela peut être frustrant. Chaque pays a ses avantages et ses inconvénients. Je pense que vous devriez prendre le meilleur des deux mondes et créer votre propre réalité. Et le Canada dans sa diversité vous donne la possibilité de le faire.

Vous devez garder à l’esprit qu’une fois que vous décidez d’immigrer, le pays que vous quittez ne sera probablement pas le même à votre retour.

Merci pour votre temps!